Historique
Suite au legs d’une histoire de colonisation, de mise en place des pensionnats indiens et de l’assimilation forcée de ses écoliers.res, les ateliers Retour à l’esprit et le tout dernier né (2019) Semences de réconciliation, représentent une initiative de guérison et de réconciliation pour un meilleur vivre ensemble.
Développés dans l’Ouest canadien par Marc Pizandawatc, un Anishinabeg de Kitigan Zibi, Ann Thompson de Mackenzie-Fort Smith (Fort Good Hope, T.N-O.) et une équipe qui avait de l’expérience en développement personnel et communautaire, une connaissance des traditions des Premières Nations, ainsi qu’un sens du développement de ses habiletés personnelles pour reprendre le pouvoir sur sa vie, les ateliers Retour à l’esprit reconstruisent la paix suite au legs des pensionnats où des enfants des Premières nations du Canada, du Labrador et des Inuits ont été envoyés.
C’est le constat du décalage, de la division marquée entre Autochtones (A) et non-Autochtones (NA), la discrimination raciale systémique et les préjugés envers les Premières Nations qui font en sorte que le besoin de changer les mentalités est évident. L’originalité des ateliers Retour à l’esprit est donc d’associer A. et NA. dans une démarche de croissance personnelle et de réconciliation avec soi et avec les autres, où l’on touche la question des pensionnats sans toutefois s’y arrêter exclusivement. Ils sont aussi inspirés de sept valeurs universelles, sept enseignements sacrés Ojibwés que sont la vérité, le courage, l’honnêteté, l’humilité, amour, sagesse et respect et qui se retrouvent en dedans de l’esprit de qui vous êtes.
L’organisme Returning to spirit a été fondé au Manitoba en 2006 et opère en partenariat avec le Centre de Justice Réparatrice de Québec depuis 2013 : c’est leur façon d’adhérer aux recommandations du Rapport de la Commission Vérité Réconciliation en lien avec la volonté de mise en place d’initiatives de justice réparatrice pour développer tous ensemble des relations significatives fondées sur la reconnaissance et le respect mutuel. À cela se sont ajoutés les ateliers Semences de Réconciliation qui visent, en outre, les communautés des immigrants.es, réfugiés.es, GBLTQ, organismes communautaires desservants la clientèle en santé mentale, ex-prostitués.es, jeunes et moins jeunes!
Description
La formule de l’atelier Retour à l’esprit : C’est un processus intensif de quatre jours vécu d’abord vécu par deux groupes distincts. Le premier groupe peut être composé de communautés autochtones, immigrantes, de réfugiés.es, GBLTQ, etc. Le deuxième groupe est composé de personnes désirant aller à la rencontre de ces communautés ayant subi des torts. Ce processus intensif de quatre jours est identique pour les deux groupes. Par la suite, se déroule l’atelier de réconciliation comme tel, qui dure quatre jours également et où les deux groupes se rencontrent. Les facilitateurs proviennent de milieux diversifiés selon la demande.
L’atelier Retour à l’esprit s’adresse donc à différentes communautés qui ont subi des torts à un moment ou l’autre de leur histoire. Or, ils peuvent servir comme outil de prévention, comme de post-vention. Les thèmes d’apprentissage des Ateliers focalisent sur la transition de vie, sur nos façons d’être, la quête de sens, la communication et les relations entre personnes. Suite aux ateliers, les participants disent expérimenter des relations plus saines, une appréciation plus développée de la valeur de chaque interaction humaine et une meilleure insertion sociale. En somme, ce modèle offre la possibilité de créer consciemment un avenir de confiance, de collaboration, de pardon et d’appréciation.
Les personnes qui s’inscrivent aux ateliers peuvent avoir vécu des expériences traumatisantes comme les pensionnats dits « indiens », être les descendants de personnes qui les ont subis, travailler ou être solidaires avec les Autochtones ou autres communautés culturelles, se sentir concernées par les causes sociales en jeu, ou encore, avoir été incarcérés.es et faire une démarche de réhabilitation. Le processus de réconciliation est en marche chez les Premières Nations, mais nous souhaitons maintenant l’offrir à tout.e citoyen.ne qui ressent le besoin de guérison et de réconciliation.
Photos
Photo du premier groupe Allochtone francophone ayant participé à l’Atelier Retour à l’esprit à l’Ouest de Montréal en janvier 2017 avec 21 participants.tes:
Un deuxième atelier Allochtone a eu lieu, cette fois sur la Côte-Nord dans la communauté Innue de Uashat (Sept-Îles) du 23 au 26 octobre 2018. Une femme Innue et ses amies de Maliotenam nous ont servi de délicieux dîners durant l’atelier. Seize hommes et deux femmes composaient le groupe de participants, dont l’évêque de Baie-Comeau, Mgr Jean-Pierre Blais, des membres du clergé et du personnel pastoral qui œuvrent auprès des Autochtones, ainsi que d’autres personnes, dont une jeune femme métisse de Natashquan. Voici la photo du groupe avec les animateurs:
Photo de Groupe du premier Atelier Retour à l’esprit pour Autochtones à avoir lieu au Québec à Ekuanitshit (Mingan), du 8 au 11 août 2018:
Un deuxième Atelier a eu lieu à Nutashkuan du 28 novembre au 1er décembre 2018. Jacques Lafrance et François Paradis ont animé cet atelier composé de dix femmes de la Nation Innue, dont six kokums (grands-mères) âgées de 64 à 86 ans et une femme de la Nation Anishinaabeh-Odawa. Ce fut un atelier adapté au groupe qui requérait une traduction de l’innu au français et inversement. Nos remerciements sincères à Marie-Josée Wapistan qui a fait la traduction. Tous et toutes ont beaucoup aimé cet atelier qui a été transformant pour eux. Vous le voyez dans leur beau sourire:
Joël Malec, le jeune homme habillé en noir sur la photo, a écrit ceci comme réponse à la question de ce qu’il dirait à quelqu’un qui n’est pas sûr si l’atelier est fait pour lui (ou elle): «De ne pas forcer les choses s’il n’est pas prêt, mais que pour moi, ça changé ma perception de ma vie, que ça m’a libéré de mes blocages qui me maintenaient dans le ressentiment! C’est un atelier qui travaille notre intérieur et nous fait voir notre vraie nature et pourquoi on agit face à différents événements. Je suis reconnaissant et ça m’a permis de voir les obstacles de la vie autrement!».
Et puis, un troisième atelier a eu lieu à Nutashquan du 5 au 8 avril 2019. Le groupe a été plus petit que prévu puisque le premier jour de l’atelier, il y avait une grande manifestation des Innus au chantier du barrage de la centrale La Romaine-IV à laquelle sont allés plusieurs personnes. Néanmoins, à voir la joie et la fierté sur les visages de ceux et celles qui ont participé et qui recevaient un certificat pour la première fois de leur vie, cela reflète bien le succès de l’atelier:
En-dessous: photo du groupe Allochtone ayant participé à l’Atelier Retour à l’esprit au Centre Tatamagouche (Halifax) en janvier 2013, groupe parmi lequel se trouve la directrice du CJR-Qc en compagnie de six sœurs de la Charité de St-Vincent-de-Paul, autrefois responsables du pensionnat indien de Shubenacadie en Nouvelle-Écosse et Mgr Brian Dunn:
Celui-ci fut suivi d’un atelier de Réconciliation avec les deux groupes deux mois plus tard, dont celui ci-dessus et un groupe de la Nation Mi’kmaq du Cap Breton et des environs de Halifax, dont faisait partie plusieurs survivant.es du pensionnat de Shubanacadie et quelques-uns de leurs descendants:
Dans un autre ordre d’idées, 15 participants autochtones et 15 participants allochtones ont suivi une formation offerte par Returning to spirit à Winnipeg du 8 au 11 novembre 2019. L’objectif était de réunir un groupe diversifié d’ancien.nes de Retour à l’esprit dans un espace fondé sur les distinctions, la communauté et la connexion afin de devenir des défenseurs puissants et confiants de la réconciliation. Les compétences développées sont transférables vers les domaines de la facilitation, du travail en groupe, de la réconciliation, de la défense des droits, du mentorat et du développement éventuel de animateurs des ateliers Retour à l’esprit et Semences de réconciliation.